François Génot

Au bal des indociles

09.09.
14.10.2023

Soulevons le voile et dansons parmi les impatientes.

Sous nos pas nous semons des graines, des mémoires actives d’intrusions et de déséquilibres. Les mal-aimées, plantes invasives, exotiques, spontanées et vagabondes, nous racontent par leurs trajectoires les histoires de déplacements du vivant, d’hybridations d’espèces et de colonisation de milieux.

Nous sommes les héritiers et les garants d’un système qui s’accapare les terres sans attentions aux singularités des milieux pénétrés. Il y a plusieurs manières de s’adresser aux plantes, de les considérer. Nous pouvons les comprendre sur le terrain et les ancrer dans nos récits, apprendre d’elles. Pour le moment notre méthode occidentale se base sur des décrets, des qualificatifs, des lois au service de nos usages. Longtemps circonscrites, ces plantes envahissantes néophytes ou indigènes ont largement suivies le tracé des routes et l’ouverture des paysages au profit du transport et de l’agriculture intensive. Ces corridors de dissémination leur ont donné pleine puissance dans une relative indifférence jusqu’à ce que ces dernières nuisent aux systèmes humains. Face aux aménagements systématiques, au commerce mondialisé sans limites et au réchauffement climatique d’autres mouvements se préparent. Il convient alors d’apprendre de ces histoires intimement liées aux nôtres pour mieux veiller aux équilibres que nous souhaitons.

François Génot investit les friches comme un atelier à ciel ouvert et se rend au plus près des bords de notre monde aménagé pour mieux situer ses recherches. En enquêtant et en glanant les plantes considérées comme invasives au Québec l’artiste s’est rendu dans les interstices de la ville sur la piste des phragmites, herbes à poux, renouées ou impatientes. Par un procédé d’impression textile en motifs et variations, il transpose sur des voiles l’expression directe de ces lieux où se côtoient biodiversité et déchets, plantes indésirables et fantômes itinérants. Cette graphie évanescente et pourtant marquée dans la fibre par le tanin des plantes propose une approche sensible de ces terrains de luttes où les existences des êtres se jouent.

La résidence et l’exposition ont bénéficié du soutien de l’aide à la diffusion de la Région Grand Est et du Consulat général de France à Québec.

L’artiste tient à remercier pour leur aide et conseils précieux Claude Lavoie, Anne-Sophie Miclo, Anie Toole, Julie Bellavance, Alexis Zimmer, Julien Gravelle, Vanessa et Fiona Gandar, toute l’équipe, les membres et artistes d’Engramme.

François Génot (1981) vit et travaille en milieu rural dans le Grand Est de la France. Actif sur la scène internationale depuis 2005 il a réalisé de nombreuses résidences et expositions en France et à l’étranger. Il a récemment collaboré avec la Fondation François Schneider à Wattwiller, le CIAP – Île de Vassivière, Les Laboratoires d’Aubervilliers en France, le CACLB en Belgique, la Saarlandisches Kunstlerhaus à Sarrebruck en Allemagne, la Ferme-Asile en Valais Suisse et reviens au Québec dix ans après une résidence et une exposition à Langages Plus à Alma. En 2020 et 2021 son travail entre dans les collections publiques du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg et du FRAC Alsace. En 2023 il est artiste et commissaire d’une exposition d’envergure au FRAC Alsace pour laquelle il questionne la notion de ferlalité en art. Il est représenté par la galerie LMNO à Bruxelles pour laquelle il réalise une première exposition personnelle cette année. Membre fondateur et acteur de nombreux projets associatifs, il participe activement au développement de la culture en milieu rural. Il enseigne le dessin à l’Ecole Supérieure d’Art de Lorraine à Metz depuis 2016 où il y développe une pédagogie basée sur l’immersion et l’enquête en territoires.

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